Antoine Garapon
Secrétaire général de l’IHEJ
Source / Ministère de la Justice
{extraits}
Le juge du XXIe siècle est indissociable d’une société française qui soit plus en interaction avec sa Justice.
- tEn quoi la façon d'élaborer les décisions de Justice a-t-elle également évolué ?
Antoine Garapon
Ce qui a changé, c’est que désormais la décision de Justice se conçoit comme une production, c’est lié à l’introduction du management. On parle désormais de chaîne pénale ou de chaîne civile. Il s’agit de mieux coordonner le travail du juge, le travail du greffier, des fonctionnaires, et le travail des avocats de façon à offrir un meilleur service aux citoyens, un jugement mieux fait dans des délais plus courts.
- tComment le juge exerce-t-il aujourd'hui ses missions ?
Antoine Garapon
Le juge exerce de plus en plus ses missions en cabinet, c’est-à-dire en dehors de la salle d’audience. C’est une Justice du face-à-face. C’est une Justice où le juge reçoit directement les familles, les parties et les avocats. C’est une Justice plus orale.
- tQu'est-ce qui caractérise l'office du juge aujourd'hui ?
Antoine Garapon
Ce qui caractérise l’office du juge, c’est tout d’abord la recherche du temps long, la prise de distance. Il ne doit pas toujours céder à l’urgence. La prudence, c’est retrouver cette distance, cette sagesse professionnelle qui caractérise le travail du juge. La seconde vertu, c’est l’autorité. L’autorité est un mot qui peut sonner mal aujourd’hui. Elle peut être confondue avec l’autoritaire. Dans ce rapport, on a voulu montrer que les juges doivent inventer une nouvelle autorité, une autorité qui se conçoit comme une sorte de proposition faite aux parties, c’est-à-dire une demande de reconnaissance immédiate de son intervention dans le dossier. C’est une dimension tout à fait nouvelle que les juges doivent construire.
- tComment garantir un exercice vertueux de ces deux dispositions d'esprit que sont l'autorité et la prudence ?
Antoine Garapon
Cette garantie doit être trouvée au niveau de la première instance. Il faut se méfier de l’appel, qui est une plaie pour notre Justice, une sorte de fuite en avant. L’appel ne doit pas être conçu comme une voie d’achèvement et la première instance comme un tour de chauffe.